Tenter d’établir le portrait d’une ville m’intéresse dans l’à côté, ce qui lui échappe, dans ce qui n’est pas l’évidence, un fragment, une couleur, une minutie, un visage, un quotidien, une architecture…et qui malgré tout, de manière sourde, va révéler une identité forte et reconnaissable. Comme un jeu de devinette. Créer des images comme des indices qui permettront au fur et à mesure de comprendre et de deviner de quelle ville il s’agit.
Au travers de la ville, c’est essentiellement la rue mon lieu de prédilection pour mon travail. Elle est et reste l’espace public de vie commun à tous, quelle que soit la ville. Dans la rue il y a le décor et il y a l’humain qui cohabitent, se superposent et se côtoient. C’est un terrain de jeu infini. Il s’offre à mon regard sans complaisance, sans manière, libre d’accès.
S’aventurer en ville, dans la rue c’est aller découvrir ce que je ne connais pas, pas encore; le lieu, l’atmosphère épaisse, le caché, l’invisible, l’infime. Découvrir tout ce qui n’est pas moi, l’autre, le monde de l’autre. Ces gens qui s’inscrivent dans des pensées, des habitudes, des nourritures, des croyances. La ville et la rue sont le décor où s’inscrit le théâtre de la vie. L’incertitude est le moteur, l’ombre est la source.